mercredi 27 avril 2005

La vraie job - part II -

Lundi soir, après quelques gorgées de bière blonde à l'Échouerie, je suis revenue à la maison, guide de correction dans mon sac. Ce guide dictera mes faits et gestes du 10 mai au je-ne-sais-pas-quoi juin. Il me dira si je dois pénaliser un élève pour sa syntaxe ou pour sa grammaire, dans le doute, il me guidera, c'est son boulot, vers une cote B ou une cote C. Il garde aussi la science infuse du calcul de la cote R... une mystérieuse et nouvelle précision de cette année.

Je suis revenue avec mon guide, disais-je, parce que je vais le mettre beau. Je vais sûrement lui donner un p'tit coup de marqueur, de liquide correcteur. Je vais peut-être même le relire en partie! Mais ce n'est pas mon intention première. Je préfère m'approprier le guide lors de la correction des copies, ça permet de me situer dans son univers, d'avoir des exemples sous la main.

Si je revenais du boulot lundi et qu'aujourd'hui, mercredi, je n'y suis plus, c'est que c'était la fin de la session de formation. Trois jours bien sentis. De là la petite bière de fin de journée. À la correction, tout est prétexte à la bière. La fin de la formation, la fin de la semaine, le milieu de la semaine, un anniversaire, la fin de la correction. On se croirait au cégep.

D'ailleurs, les superviseurs nous traitent comme des étudiants. Ce sont tous des profs le reste de l'année. Je suppose que c'est une déformation professionnelle que de "nous faire la classe" même au gouvernement. En formation, ce sont des cours magistraux, et les questions ne sont pas toujours les bienvenues. En correction, nous sommes divisés en classe et nous avons chacun un professeur pour nous surveiller. Quelques fois, la directrice vient faire son tour dans le cubicule, elle prend la parole, elle nous sermonne, nous met en garde ou nous encourage pour qu'on soit gentils jusqu'à la fin de l'année. C'est un peu bébéliénant.

Mais payant.

Alors je mets ma couche et je serai "oui, présente, Monsieur" le 10 mai pour la reprise des travaux.

Z.

mercredi 20 avril 2005

La vraie job

Demain, mon contrat annuel de deux mois en correction recommence.

J'ai une formation de trois jours, près de deux semaines de "vacances" et ensuite, deux mois de travail consécutifs. Je ne suis pas habituée à la journée de 8h30 à 15h30 que me demande le gouvernement. C'est peu si on compare cet horaire à celui de ma femme qui travaille au moins 2h de plus que moi par jour. Ce n'est pas la charge de boulot à laquelle je ne m'habitue pas, c'est à la régularité de la chose. C'est au All Bran du travail. Tous les jours de la semaine. Toutes les premières heures de la journée. Tout le temps. Les lunchs. Toujours. Cette année, je crois bien me gâter et ne pas me préparer de repas. En tout cas, pas pour les trois jours de formation. Le sac est lourd, la tâche est répétitive et le stress d'oublier est grand. Je n'ai jamais oublié mon sac, mais je continue à avoir peur.

Et il y a la marche. Je suis toujours plus anxieuse la veille du premier jour parce que je sais que je vais me rendre au bureau en marchant. Je ne déteste pas marcher pour aller au travail. Le matin, tout va bien, je suis en forme, je prends le temps de respirer l'air de la ville, j'ai un peu chaud, comme d'habitude, j'arrive au bureau très en avance et je relaxe avant le début des activités. Le soir, je souffre le martyre. Mes jambes n'aiment pas la promenade de fin d'après-midi, mes hanches non plus. Et je sue, je sue! J'arrive ici exténuée alors que la distance est la même que celle parcourue le matin. Je ne comprends pas mon corps. Et si vous avez une explication, je l'attends avec impatience.

J'essaie de ne pas penser à tout ça, mais la drama queen en moi me prépare au pire.

C'est comme les cours d'éducation physique au secondaire, je ne dors pas la nuit d'avant, mais rendue dedans, je passe au travers. Ce qu'il y a de bien avec la correction au gouvernement, c'est que je suis payée. Personne ne m'a jamais payée pour aller faire de l'athlétisme en groupe.

Z.

vendredi 15 avril 2005

Les B&B

Quand je prépare un petit voyage avec M-Chue, j'aime bien dénicher les Bed and Breakfast du coin. Surtout s'ils sont gouins. Je fouille pour trouver le parfait petit Cuni et Café. Ou est-ce Couette et Café? Bon, enfin...

Je tombe souvent sur de magnifiques endroits, en campagne ou au village, sur des demeures ancestrales restaurées ou conservées, sur des petits bijoux d'achitecture. Sur un site de C&C, je vais vite à la visite des chambres. Il se trouve que, dans un endroit comme celui-là, je veux une chambre confortable de laquelle je n'aurai pas envie de sortir rapidement le matin et à laquelle je voudrai retourner au plus sacrant le soir. Ce n'est pas comme dans un motel que je choisis essentiellement pour son lit et son réveil-matin. Dans un Cuni et Café, j'ai besoin de me sentir chez moi.

Chez moi, j'ai une salle de bain à moi. Il y a des B&B avec salle de bain partagée et je les exclus habituellement de ma liste de favoris. Certains me diront que c'est charmant de partager le bol et la douche pendant les vacances, que ça crée des liens entre les invités, que ça réveille plus rapidement parce qu'on a peur qu'un intru cogne à la porte à chaque seconde, que c'est une belle leçon d'humilité. Je ne suis pas de cet avis. Je suis très égoïste sur la salle de bain. Je veux mon bol, mon lavabo, ma pomme de douche. Je veux que M-chue puisse étaler toutes ses bouteilles de soin pour la peau sur le comptoir sans les ramasser avant la fin du séjour, je veux pouvoir faire ma crotte la porte ouverte si ça me chante.

Chez moi, la décoration est moderne, simple, neutre même. Mais c'est relaxant, pas très "put together", mais c'est un "work in progess". Les C&C se sont donné le mot pour adopter le style victorien. Beauuucoup de fleuris, beauuucoup de tapisseries, beauuucoup de détails dans le bois, beauuucoup de tissus, beauuucoup de tapis, beauuucoup de féminité lourde. Huit cents livres de féminité. Ça m'étouffe. J'accepte volontier que mon C&C soit d'époque, qu'il ait du cachet, qu'il soit enveloppant. Mais je refuse qu'il me coupe le souffle en m'écrasant de motifs floraux! Les hôtes baignent dans cet univers toute l'année. Je les soupçonne d'avoir une chambre à eux, tout en noir et blanc, un lieu aux lignes pures et droites, sans frou-frou, sans pétales. Un lieu pour respirer. Aubergiste, j'exige de voir la chambres des hôtes!

C'est dommage, j'aime les Cuni et Café. Je m'y sens bien. Mais j'ai énormément de difficulté à en trouver un qui soit parfait. Si j'avais le courage de travailler 400 jours par année chez moi, j'ouvrirais un B&B tout ce qu'il y a de plus charmant... et moderne. Oui, ça se peut!

Z.

mercredi 6 avril 2005

Les croques lavés

Le mercredi est souvent une journée de tâches ménagères.

Aujourd'hui : croque-madame et lessive. Hier : carrés aux dattes ratés. Vraiment ratés. Mais c'était mes premiers.

En ce moment, ma brassée de draps est en attente de séchage. J'ai fait un lavage trop dodu de pâle et je n'ai pas osé tout mettre à la sécheuse. Alors, je fais tout le reste et les draps sècheront en dernier.

J'avais beaucoup de choses à laver aujourd'hui. Quatre bonnes brassées : une foncée, une pâle, une rouge et une de serviettes. C'est une assez grosse journée.

Pendant ce temps, je ne prends pas ma douche. Et je plie du linge, ce qui me donne chaud. Mais qu'est-ce qui ne me donne pas chaud? Donc, je suis en jaquette souillée et j'attends que le dernier spin se termine pour aller me spiner moi-même sous la douche.

J'ai aussi nettoyé la porte du frigo. Ce n'est pas une job de tous les jours. C'est quand même rare que la porte du frigo est sale. Mais là, je voyais une tache brune-noire depuis 24 heures. Elle m'énervait un peu trop ce matin et j'ai décidé de l'enlever.

M-Chue ne l'aurait pas fait. Elle ne l'aurait même pas remarquée. C'était donc un combat à finir entre moi et la tache. J'ai gagné... un peu trop rapidement d'ailleurs. Je devrais laisser le temps aux saletés de s'incruster sur les parois et les surfaces. Ça me donnerait une bonne raison pour acheter l'arme parfaite : un laveur à vapeur! Je rêve secrètement de torcher tout le condo à l'aide de cette invention. Auguste y passerait aussi. Un Pou à la vapeur.

Ce soir, une cliente. Je suis contente, j'adore son dos. Elle a la peau comme celle d'un homme, très souple et décollée de la chair, mais elle a aussi les cellules graisseuses caractéristiques de la femme. Un dos agréable à masser.

Z.

lundi 4 avril 2005

Le rond, c'est bon

Les gens aiment le rond.

Un ballon, c'est rond. Et c'est ce que nous attendons de lui.
Le Soleil est rond et on ne le blâme pas.
On aime les vins qui sont ronds en bouche.
On préfère parler en chiffres ronds, c'est plus simple.
Si le chat fait le dos rond, on a envie de le caresser.
Quand tout nous fait le plaisir de tourner rond, on est heureux.
Si on avale un Jos Louis tout rond, c'est qu'il était bien bon.
J'ai rarement vu des enfants faire une ronde et s'en plaindre.

Alors pourquoi ma rondeur à moi n'est pas toujours appréciée ?
Peut-être que si je roulais au lieu de marcher... Ah non!

C'est parce qu'on ne m'avale pas, qu'on ne me compte pas, que je n'éclaire personne, que je ne miaule pas ET que je suis ronde qu'il y a un problème.

Pas drôle.
Mais un peu quand même. :)

Z.

vendredi 1 avril 2005

Pape, pape, papela, c'est un petit pape, c'est un petit pape.

J'ai d'abord chanté "Un trône trône, c'est quoi, quoi ? Une simple-ple planche, planche, un bout, bout de bois, bois, qu'un beau, beau dimanche-manche..." Mais je cherchais plutôt la chanson de la comédie musicale Napoléon qui parlait du pape. Je l'ai trouvé et mise en titre.

Mais va-t-il mourir ce pape? Je n'en peux plus de sa volonté de vivre. Laisse-toi aller, vieux! Je veux qu'il expire enfin comme je le voudrais pour une grand-mère mourante. Je voudrais dire : "Il sera mieux comme ça. C'est son heure. C'était le temps, à son âge..."

Mais je n'ai pas vraiment de pitié à consacrer au pape. J'ai plutôt hâte qu'il nous quitte pour se rendre compte comment son paradis est moche et non entretenu. J'ai hâte qu'il découvre qu'il a eu tort toute sa vie, et qu'il a perdu presque 85 ans à raconter des bêtises. Je n'apprécie pas beaucoup le pape. Mon pape. Le seul qui ait existé pour moi parce que suis née l'année où il a posé la petite calotte blanche sur sa tête. Je l'imagine cacher des cornes relativement pointues sous ce capot blanc. Il est contre tout ce que moi, j'appuie. L'homosexualité (meuh!), l'avortement, la théorie de l'évolution (il a admis que ça avait ben du bon sens cette affaire-là, mais il n'a quand même pas adopté un singe pour vérifier), etc. Je le sens cachottier, antipathique, ratoureux et assoiffé de pouvoir papal. Je me fous pas mal de sa vie, mais sa mort m'intéresse.

Je vais donc connaître un second pape. Il ne faut pas s'en faire, je ne deviendrai pas plus catholique que celui-là non plus. J'ai déjà de la difficulté à dire "Mon Dieu" sans rire. J'ai toujours l'impression qu'il n'y a personne pour répondre à ce numéro-là.

Bref, ce matin, j'ai encore reçu Le Soleil par erreur. La une pleurait : Le pape "va très mal". Hier soir, au souper, il était en train de mourir, à l'heure du dodo, son état était stable, et là, il "va très mal", la crise cardiaque, l'extrême onction et tout! Je crois que le suspense a assez duré.

Bon dodo, Pape.

Z.

P.S. C'est peut-être un poisson d'avril de Dieu.