jeudi 1 février 2007

La ville ne s'endort pas tant que ça

Dans la ville, c’est bruyant, c’est sale. La ville, c’est gris et vert. La ville, c’est canin, c’est félin, c’est animal. C’est impoli. Ce sont des portes au nez, des coups de klaxon dans les oreilles et des coups de canne dans les tibias. La ville, c’est joli. Le matin, très tôt, quand il y a du soleil, c’est un rayon géant en pleine figure, c’est l’annonce d’un jour orangé. La ville est petite. Elle se fait village et champ de bataille. Elle se fait rat et poussière. La ville est vaste, elle se fait brume et vent. La ville pue. Elle sent les feuilles mouillées d’automne en avril. La ville est asthmatique. La ville parle seule et ne laisse personne lui répondre. La ville chante et se colore quelques fois. Le voyez-vous ? La ville raconte ses incendies, trois par heure, ses suicides et ses accidents. La ville raconte le Salon Ross, le pont Pierre-Laporte et l’autoroute du Vallon. La ville se tait, pendant une heure ou deux, la nuit. La ville cache des mères à la maison qui ne sortent pas, des fonctionnaires qui sont encore au bureau à 18h, des itinérants qui dormiront dans un lit ce soir. La ville protège, la ville console.

La ville m’enveloppe. Elle est célibataire, sans enfants, sans parents malades. La ville échappe aux tondeuses, aux piscines hors terre. La ville peut être laide sans ça. La ville peut être verte sans ça. La ville s’oublie et nous fait oublier. La ville s’égaye et nous offre un cirque par la fenêtre. Elle aime nous voir émerveillés et en remet. La ville chatouille et nous rions.

La ville m’aime.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

C'est un beau 'voyage dans l'imaginaire'. :)

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