dimanche 3 juin 2007

Déchirée par en dedans

Littéralement.

Vendredi le 25 mai, alors que je me restaurais d'un lunch assez ordi au petit parc urbain près du bureau, avec plusieurs collègues/amies, l'envie m'est venue de me lever. Ça arrive, des fois, quand je suis assise par terre, après un temps, je veux me relever. J'ai donc tassé quelques petites choses du chemin et ai entrepris de lever mon cul de terre.

Je pense que j'aurais dû rester assise pour le restant de mes jours parce que quand ma jambe à demi dépliée a essayé de rejoindre sa jumelle, mon ménisque a déchiré.

Mais je ne pensais pas que c'était ça. Non, je pensais naïvement que, comme d'habitude, mon genou se disloquait partiellement. Comme d'habitude, donc, je n'avais qu'à étirer ma jambe, la mettre bien droite et j'entendrais le "pop" qui signifie la fin de mon rush d'adrénaline.

Le "pop" n'est jamais venu. Jamais. J'ai tiré, j'ai déplié, j'ai aussi crié un peu. M.-F. a aussi tenté de tirer pour remettre le tout en place. Rien n'y faisait. Après consultation avec des mes collègues/amies, j'ai décidé d'appeler l'ambulance. Le dispatcher m'a posé des questions remplies de finesse et d'intelligence après que JE lui aie dit que JE m'étais disloqué le genou : "Est-ce que c'est à vous que c'est arrivé? Est-ce qu'il y a une grosse perte de sang? Respirez-vous normalement?" Oui, c'est arrivé à mon genou, c'est ça que je voulais dire par "je". Le genou est disloqué, j'ai pas dit que mon fémur et mon tibia sortaient de ma chair. Je te parle et tu me comprends, penses-tu que je respire assez bien? Vraiment, tout pour me mettre en confiance.

Les ambulanciers sont arrivés. Un gars et une fille. La fille était plus forte et plus grande que le gars. Je leur ai demandé de me remettre le genou dans le sens du monde. Ils m'ont dit qu'ils ne savaient pas comment faire ça, ont pris ma pression, mon pouls, ont préparé la civière, m'ont demandé si je voulais aller à St-Sacrement ou à St-François, m'ont attachée, m'ont embarquée, ont remercié mes collègues/amies et le gars a pris le volant.

Je n'avais pas grand chose à dire. L'ambulancière était à l'arrière avec moi et a commencé à me poser plein de questions. Elle écrivait les réponses sur son gant de latex. À l'hôpital, elle a remâché tout ça à l'infirmière qui avait dit : "C'est le genou qu'on attendait?" Pendant un instant, je me suis dit qu'ils avaient décidé sans m'en parler de m'amputer le genou et de le donner à quelqu'un d'autre. Oui, j'étais le genou qu'ils attendaient.

Une préposée à la chaise roulante m'a parkée dans la salle d'attente en me disant que ça ne serait pas très long. Elle avait dit vrai, ça a pris moins de 24h. Je suis restée dans cette salle, à voir passer tout le monde avant moi, pendant 7h. Au bout de 7h, j'ai attendu 30 autres minutes dans la salle d'examen. Une heure après mon arrivée en ambulance, une tête grise que j'ai reconnue assez vite s'est présentée dans la porte vitrée de l'hôpital. Ma mère, qui avait été appelée par ma blonde, à ma demande, pour l'avertir que j'aurais besoin d'un lift pour m'en aller, était venue attendre avec sa fille. J'ai pleuré. Je me sentais tellement toute seule depuis 60 minutes ... Ma mère m'a parlé de ma nièce, de mon neveu et ma pression est tombée, j'ai attendu comme une grande fille, accompagnée, enfin, de sa maman.

Finalement, Dr. J. est venu, m'a posé des questions, m'a fait quelques manipulations, j'attendais toujours d'entendre mon "pop". Le Doc a dit : "C'est pas un genou disloqué, c'est une déchirure du ménisque. Retournez chez vous et attendez. Voulez-vous des béquilles?"

J'ai dit : "Oui, svp." Et je suis partie avec ma mère. J'ai au moins appris que je ne m'étais jamais disloqué le genou, ever. Depuis 2001 ou 2002, période à laquelle je me souviens avoir eu mon premier épisode douloureux au genou, mon ménisque se déchirait régulièrement. Une fois au deux ou trois mois peut-être. Chaque fois, je pensais que je replaçais mon genou disloqué, mais non. Ce qui arrivait plutôt, c'est que mon ménisque se déchirait un peu, pas assez, le morceau pendant dans l'articulation retournait sûrement à sa place quand je mettais ma jambe droite.

Le vendredi 25 mai, il a déchiré complètement. Du moins, c'est mon hypothèse. Je pourrais passer une résonance magnétique pour en avoir le coeur et les yeux nets, mais j'ai pas envie. Si mon genou ne me plaît plus ou s'il m'empêche de faire des p'tites choses que j'aime comme monter un escalier et le descendre, je pourrai aussi envisager une opération de 5 à 20 minutes en laparo pour enlever le bout déchiré de mon ménisque.

Pour le moment, ça baigne. Je ne pense pas me faire opérer. Ça fait une semaine que c'est arrivé, j'ai eu trois jours de béquille, trois jours de canne et je marche seule maintenant. J'ai aussi pris ma douche assise sur un petit banc pendant une semaine. C'était vraiment très pratique. Le petit banc m'aidait à terminer mes ascensions d'escalier quand ma jambe ne pouvait pas du tout porter un gramme de poids. Ma belle Moustachue aussi m'a aidée. Elle a tout fait, TOUT, pendant la première fin de semaine. Moi, j'équeutais des fèves allongée sur le divan du salon.

Et je donnais des ordres. J'aime mieux donner des ordres quand je peux faire la tâche moi-même mais que je décide de le demander quand même. Quand j'ai pas le choix, it's no fun.

Aujourd'hui, mon genou me dit qu'il existe. À part les deux premières journées de rémission (incluant la soirée de l'accident), je n'ai pas vraiment eu mal au genou. Dès le dimanche matin, la douleur avait disparue, ne restait qu'une extrême faiblesse et une amplitude de merde. Là, puisque je marche plus et mieux, mon genou aura quelques crampes. Mon Doc de famille m'a avertie.

Mais je vais assez mieux pour aller aider ma maman dans la préparation d'une réception pour la fête de mon oncle J.-M. C'est un oncle que je n'aimais pas. En vieillissant, lui comme moi, ça va mieux.

Z.

1 commentaire:

m-chue a dit...

OUFF quelle histoire!! Es-tu correcte?

hehehe!

En lisant en diago les mots "Mon Doc", j'ai lu "Mc Do". Est-ce un signe?