lundi 30 octobre 2006

Le papier cul

Dans la maison, j'ai quelques tâches qui me sont réservées. Par exemple, je suis l'unique cuisinière, l'unique blanchisseuse, la seule garde-malade et manucuriste d'Auguste, l'exclusive videuse des sacs d'épicerie et l'irremplaçable conductrice de la famille. Je remplis ces besognes sans plainte, sans rechigner et même avec une certaine fierté. En fin de semaine, M-Chue m'a même proclamée meilleure sculptrice de citrouilles. C'est pas rien.

Mais il se passe des miracles dont je ne suis pas l'auteure au Château des Eaux Claires quand je passe quelques instants à la salle de bains. Non seulement mon corps produit de véritables trésors, dorés ou cuivrés, mais j'assiste en plus à une valse bien ordonnée des rouleaux de papier de toilette.

Si je termine un rouleau, j'enlève le tube de carton vide et je n'ai qu'à tendre la main vers l'arrière pour trouver, à tâtons, sur le dessus du réservoir, un rouleau tout neuf. Je l'enfile sur le porte-rouleau, me lave les mains (quelques fois) et sors du cubicule odorant. Si j'y retourne vingt-quatre heures plus tard, régularité obligeant, il y aura comme par magie un nouveau rouleau en stand-by sur la toilette. Je me réjouis de ce système infaillible et parfait pour les paresseuses du pot. Je n'ai jamais à craindre une levée des fesses encore sales à la recherche du papier blanc. Je ne m'inquiète pas de l'avancement des stocks non plus, M-Chue, maître du papier cul, sait quand il faut en acheter. Je n'ai qu'à demander, devant un étalage de Cottonelle : "On en as-tu besoin?"

Et si c'était ça le bonheur, hein, Mme Ruel?

Z.

1 commentaire:

m-chue a dit...

Le bonheur, c'est de ne pas entendre parler Mme Ruel.