mercredi 11 janvier 2006

Avoir dix enfants

Je n'aurai jamais dix enfants parce que la planification des repas serait vraiment trop chiante.
Je fais un seul repas, pas trois, le souper, pour une école de ski privée. Au début, j'étais un peu nerveuse, mais seulement parce que c'était tout nouveau. Je me suis fait un calendrier de menus, j'ai pris des notes quand je me renseignais sur des recettes typiques mais qui m'étaient inconnues. J'ai fait mes devoirs et je me sentais plutôt préparée.

J'en serai à mon huitième repas ce soir. Sur sept soupers, il y en a six qui ont été changés. Pour les prochains, qui sont plus rapprochés puisque je ne suis plus en "probation", je devrais être en mesure de suivre le plan. Mais ça reste à voir, ce matin, j'ai mis du Wite-Out sur cinq de mes cases de calendrier. Trop de lactose dans les produits offerts, trop de gluten... je dois aussi penser à deux de mes enfants skieurs qui ont des intolérances alimentaires. Quand je ne peux pas leur servir le met du jour, je dois leur faire un deuxième plat. Je ne veux pas que mes enfants meurent.

C'est de la job en tabarnak finalement. Et à cause de ça, c'est moins bien payé que je me l'imaginais. Et puisque je suis généreuse de nature, je ne compte pas les heures passées en déplacement, à l'épicerie, ni les heures bénévoles de ma maman qui m'accompagne au chic Costco Wholesale.

Si, moi, je suis généreuse, mon patron, lui, est gratteux. Chacun de mes services doit respecter le budget ultime de 10$ par tête. Si j'ai mes dix enfants à table, fourchette à la main, j'ai droit à 100$, mon salaire inclus! Ce soir, par exemple, juste en viande (qui se trouve à être du poisson), ça lui coûte 35$. (Mais c'est une exception.) J'ai environ pour 10$ de soupe. On est rendu à 45$. Je dois acheter des zucchinis et calculer environ 5$ pour des légumes que j'ai déjà. Disons 15$ de légumes en tout pour ce soir. On est rendu à 60$. Il reste le dessert qui est déjà fait, des brownies, si les enfants ne sont pas tombés dedans pendant mon absence, 5$ encore. 65$. Je dois donc coûter moins de 35$ ce soir. Je dois faire 3h et moins de cuisine. Mais je pense respecter ce laps de temps puisque je peux arriver plus tard aujourd'hui : la préparation n'est pas compliquée.

Mais vous voyez comme un travail tout ce qu'il y a de plus manuel peut devenir une plaie pour le cerveau!

Je me donne aussi le défi de plaire à tout le monde, même si ce n'est pas nécessaire du tout et surtout impossible. Si je me souviens bien, c'est mon côté Dupont-Dupond qui me fait ça. Je veux plaire, plaire, plaire. Et me faire remercier. Mais pas congédier. La belle torture de la zanzi-âme.

Mon boss m'appelle toujours Zanzie ou cuisinière de mon coeur. Mais depuis que je le brusque un peu en le rabrouant sur ses façons de faire, j'entends presque seulement le Zanzie.

Je n'aurai donc jamais dix enfants si le papa est le boss. Mais ça, on se doute bien que ça n'arrivera pas.

Z.

1 commentaire:

m-chue a dit...

Se faire appeler 'Zanzie', c'est mieux que 'Pute' ou que d'autres mots pas gentils.

Tu es bonne et ta bouffe aussi. Ne lâche pas!

xx